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portrait

Délice pas si lisse

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Grégoire Leprince-Ringuet. Espoir de plus en plus confirmé du cinéma français et étudiant, ce jeune homme s’avère vif, volontaire, drôle.
publié le 9 novembre 2010 à 0h00

On vous envoie chercher un caillou, vous tombez sur une pépite. Ça n'est pas plus facile. On l'imaginait bien, pourtant, joli galet lisse aux ricochets parfaits : ancien choriste de l'Opéra de Paris, bébé star tombé dans Cannes adolescent, jeune acteur français de 22 ans «très prometteur», déjà rompu aux tapis rouges, aux sourires, à la distance. On l'aurait apprécié ainsi, petit caillou poli, méritant tout notre respect pour sa déjà riche filmographie, son application, sa courtoisie. Mais il fout tout en l'air. Grégoire Leprince-Ringuet dit trop de choses, montre trop de doutes, de détermination, d'humour, de curiosité, de failles. Il est trop intelligent, trop fragile et trop volontaire. Il nous fait trop confiance.

C'était il y a huit ans. Un garçonnet blond courait dans les blés avec Emmanuelle Béart. Dans les Egarés, d'André Téchiné, il avait 14 ans, et la gravité juste d'un petit acteur prodige. Grégoire Leprince-Ringuet était nominé aux césars dans la catégorie «meilleur espoir», et retournait au collège l'air de rien, raconter aux copains comment «Emmanuelle» l'avait serré dans ses bras.

C'était il y a trois ans. Un lycéen naïf et radieux crevait l'écran des Chansons d'amour, de Christophe Honoré. Corps amoureux et libre, voix douce et étrangement ébréchée, il chantait la Beauté du geste et donnait l'envie d'y croire. A nouveau nominé meilleur espoir (une troisième fois suivra). A nouveau excellent, dans un rôle aux antipode