Potiche ne ment pas. Dès les premières secondes de son générique tout en calligraphies et papiers peints seventies, le film se présente sous la forme d'une badinerie entièrement fabriquée, la tranche surlignée d'une époque recomposée. Catherine Deneuve, en plein footing matinal, sautille parmi les feuilles d'automne, parle aux écureuils et aux lapins, puis retourne en trottinant vers l'opulent foyer bourgeois dont elle est la potiche en titre. Le personnage de Deneuve s'appelle Suzanne Pujol, et on y croit aussi fort que l'on croit aux personnages du théâtre de boulevard pour lequel ce rôle a été créé. Quand on voyait, via la télé et Au théâtre ce soir, Jacqueline Maillan dans ce même rôle, on ne cherchait pas davantage à y croire : on en jubilait puisqu'on était là pour ça et que l'abattage surnaturel de la Maillan était en soi une récompense. Pour des motifs à la fois inverses et semblables, on adhère presque par avance à l'idée qu'Ozon ait choisi de distribuer Deneuve en Suzanne Potiche : c'est le contre-emploi, cette fois, qui préétablit une sorte délectable de curiosité connivente. Pourtant, présenter la Potiche d'Ozon en expliquant que Deneuve y joue le rôle de Maillan exposerait à autant de démentis que de déceptions puisque ce n'est pas le cas.
Maternaliste. Largement remanié par François Ozon lui-même, le personnage de Suzanne porte les marques d'une évolution profonde : il est regardé depuis notre époque et il épouse l'aur