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Critique

Frank Borzage, mélo à la bouche

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DVD. De la période muette du cinéaste italo-américain, quatre films ont été restaurés autour du couple comme une figure de la protestation.
publié le 10 novembre 2010 à 0h00

L'heure suprême, l'Ange de la rue,Lucky Star, la Femme au corbeau, les films retrouvés de Frank Borzage sont comme le temps chez Proust : rien ne ressemble plus à un début qu'une fin. Lorsqu'en 1926 Borzage entreprend le tournage de l'Heure suprême, premier volet d'une palanquée de mélodrames, il a 33 ans et est loin d'être un débutant. Déjà 55 films à son compteur, dont 38 longs métrages, et un immense succès en 1920, Humoresque. Par ailleurs, jusqu'en 1913, Frank Borzage a joué comme acteur, son premier métier de jeune émigrant italien, dans plus de 80 films. Cette profusion n'est pas pléthore, mais plutôt le symptôme d'une époque magnifiquement impure où le cinéma n'était pas encore casé. Au mieux un passe-temps, une distraction par essence frénétique - «Sinon, je m'ennuie», dira Borzage. A en croire un des rares entretiens qu'il accorda dans les années 50, il aurait réprimé un intense fou rire si on lui avait parlé d'art. Certes à la fin des années 20, le système hollywoodien est déjà dans un état de business intense, et William Fox, sous lequel Frank Borzage prospère, n'est pas le dernier de ces capitalistes (en 1928, il achète d'un coup plus de cent salles de cinéma sur le territoire américain). Le star-system est lui aussi à son premier zénith.

Franc-tireur. En témoigne le violent crêpage de chignon entre mesdemoiselles Mary Pickford, Joan Crawford et Bessie Love pour obtenir le rôle princi