A plusieurs reprises durant l'entretien qu'il nous a accordé, Quentin Dupieux insiste sur le fait qu'il ne revendique rien. Qu'il n'avait pas fait Rubber dans le but défini de lancer un obus dans un jeu de quilles. On peut y voir cette sorte de vide un peu chic qui accompagne depuis quelque temps les barons de la culture pop (de Sofia Coppola à Wes Anderson, en passant par Romain Gavras), mais quelque chose pourtant chez Dupieux laisse penser que l'affaire est un petit peu compliquée : car des deux faces de l'ovni Rubber (1 h 30 à suivre un pneu tueur en série qui éclate la tête de ses victimes !), celle qui électrise en premier lieu est son économie parallèle et l'horizon qu'elle ouvre pour une génération de jeunes gens, qui ont entre 18 et 30 ans aujourd'hui.
Domestique. Pour la faire courte : quand on aborde la façon de faire des films, il y a désormais un avant et un après Rubber. En détournant un appareil photo domestique en caméra de cinéma, en prouvant qu'il pouvait obtenir à l'image, entouré d'une équipe technique résumée à l'essentiel (trois personnes), des résultats voisins de son imaginaire de cinéma (foncièrement ancré dans le nouvel Hollywood seventies), Dupieux vient de pousser sous une voiture cette vielle dame bourgeoise connue sous le nom de Cinématographie de France. Rubber a été fait dans l'envie, sans attendre, en s'emparant de la technologie du jour, et laissant derrière elle une génération de jeunes ci