Quand on pense comique + muet, ce sont plutôt Chaplin et Buster Keaton, deux Américains, qui viennent à l’esprit. Eventuellement le Français Max Linder, inspirateur supposé de Chaplin, voire des Marx Brothers. Mais entre les effets spéciaux déjantés de Georges Méliès et le rire raffiné de Linder, un tas d’œuvrettes comiques françaises sont généralement passées à la trappe.
Beigne. C'est ce trou que décide de revisiter le numéro d'automne de la revue 1895, en faisant défiler pour nous une sarabande de cochons dansants, de femmes zoophiles et de bébés alcooliques. Si vous ne le croyez pas, vous n'avez qu'à ouvrir vos yeux sur le DVD qui est fourni avec, rassemblant vingt films inédits de la période 1907-1914, dont Patrouillard et l'Ours policier,Cunégonde membre de la SPA ou le Suicide de Bébé. Aucun enfant, qu'on se rassure, n'est maltraité dans ce dernier opus. On y voit simplement Bébé, personnage récurrent de mioche inventé par Louis Feuillade (un de ses concurrents sur le marché de la rigolade se nomme Willy, sous la caméra de Joseph Faivre) se livrant à un chantage au flingue pour que ses parents ne divorcent pas.
Dans les séries de Bébé ou de Willy, c'est la bonne bourgeoisie qui est généralement mise à mal par le détournement et l'anarchie généralisée, parfois avec ambiguïté, comme dans Bébé est socialiste (1911), où l'enfant décide d'inviter des chiffonniers à manger chez ses parents. Mais le père, député de