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Critique

Indochine, sentiers sans gloire

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Cicatrices . En creusant dans les archives et la littérature, «l’Empire du Milieu…» retrace l’aventure coloniale en Asie du Sud-Est.
(Les Acacias)
publié le 24 novembre 2010 à 0h00

Ils fuyaient l'ennui, le gris, un continent décati. L'Europe exsangue sortait de l'enfer, des camps et de la mort. Eux partaient vers la lumière de l'outremer. Ils s'engageaient pour l'Indochine, «pour rien, par défi. […] Un peu pour la gloire, et un peu pour la mort aussi. Parce qu'à 20 ans, la mort, on n'y croit pas tout à fait, a écrit Pierre Schoendoerffer, mais ça fascine.» La fascination est bien le leitmotiv de ce récit qui n'emprunte à l'histoire que des échos symboliques pour exhiber les traces laissées par le chaos. «Ce film impressionniste n'est pas un cours magistral, une leçon d'histoire, explique Jacques Perrin. Il montre comment plusieurs générations se sont attachées à cette terre. Il y a une culture commune entre la France et le Vietnam.» Voilà pour l'intention. Car l'ancien sous-lieutenant Torrens de la 317e section de Schoendoerffer ne reste pas dans la contemplation d'une nostalgie coloniale camouflée en «mal jaune», même s'il demeure à jamais le témoin attristé de ce monde défunt.

Lucidité. Dès les premières images, l'Empire du Milieu du Sud court au bord du précipice. Bientôt la guerre va ressurgir en Indochine. «S'entre-tuer, c'est l'affaire des vivants», selon Bao Ninh. Le romancier vietnamien est l'un des nombreux auteurs convoqués ici. Dits par Jacques Perrin, ces mots et ces citations forment un récit scandé où s'entrechoquent des archives inédites, des docume