Sur le canapé d’un café près de la République à Paris, dans son petit pull rouge en V et son jean ajusté, elle est méconnaissable. Un peu pâlotte pour cause de rhume hivernal, mince, réfléchie, soucieuse du mot juste, Ludivine Sagnier a dit adieu à Lily en lui abandonnant ses kilos, ses cheveux en bataille, et son verbe haut.
Folle ou pas folle, cette Lily ? Tout le monde se le demande en sortant de Pieds nus sur les limaces. Dans son roman, Fabienne Berthaud s'était inspirée de pensionnaires de la clinique de la Chesnaie auprès desquels elle avait passé plusieurs semaines. Pour le film, elle a démédicalisé au maximum. A part un flacon de gouttes, nulle trace de soins autour de Lily. La fidélité n'en est que plus grande aux idées de l'antipsychiatrie portées par Gilles Deleuze, Félix Guattari ou Jean Oury, le fondateur de la clinique de la Borde, grande sœur de la Chesnaie. Pas de cases pour ranger les malades, peut-être même pas de mots. Lily «folle» ? Sûrement pas. Psychotique ? Peut-être. Malade ? C'est à voir. «Elle est différente», dit prudemment Fabienne Berthaud.
Ludivine Sagnier, elle, a tout compris à ce retour presque puriste à l'univers des années 60. Pour résumer :les «normaux» ont tout à apprendre des soi-disant «fous». Viva la musique des sixties et tout le reste : le corps en liberté, l'envie de plaquer la modernité urbaine, l'herbe sous toutes les formes et un brin d'humanitaire sympa. Plus provoc peut-être que celle qui l'a inventée,