Le château est posé sur la colline. Dans le ventre de Sunset Boulevard. Prendre à droite et monter doucement vers le garage. Quelques mètres encore et c'est le vestibule. Une banquette confortable pour attendre l'ascenseur. Une fois les portes refermées, les bruits de la ville n'existent plus. Dans l'obscurité du lobby de l'hôtel, un producteur lit un script sur une petite table avec un gros stylo noir dans la bouche en guise de cigare. Une actrice de télévision fait la grimace devant le crachin qui s'éternise et qui va l'empêcher de manger dehors. A peine arrivé, on se sent déjà chez soi et on ne s'étonnerait pas de croiser le visage pâle de Stephen Dorff, l'acteur qui semble jouer son propre rôle dans le dernier film de Sofia Coppola, Somewhere.
On ne fait pas que passer au Marmont
Somewhere, ce n'est pas n'importe où. C'est ici. L'ultime refuge des stars d'Hollywood. Depuis plus de quatre-vingts ans, le Chateau Marmont entretient le mythe. L'immense bâtisse blanche est un rêve, une extravagante folie. Celle d'un avocat richissime de Los Angeles, Fred Horowitz, qui de retour d'un voyage en France, s'est fait construire à la fin des années 20 une quasi-réplique du château d'Amboise, dans la vallée de la Loire.
Le château est né avec le cinéma et disparaîtra peut-être avec le cinéma, mais pas avant. Clift, Garbo, Dean, Taylor, Monroe, De Niro, Jarmusch, la liste de ses illustres invités n'a pas besoin de prénoms. On ne fait rarement que passer au Marmont. On y vit, on