Nicole Garcia aime filmer les hommes. Les vrais. En costume, en bande, mélancoliques et mutiques, qui habitent des maisons avec piscine et souffrent en silence. Après Gérard Lanvin ou Jean-Pierre Bacri, voilà Jean Dujardin en nouveau héros de l'actrice/réalisatrice. Il incarne un époux, père de famille et agent immobilier du sud de la France, bouleversé par l'apparition d'une vamp (Marie-Josée Croze), en qui il reconnaît son amour de jeunesse. Le film est apparemment très personnel pour Garcia puisqu'il alterne scènes d'aujourd'hui et flashbacks à Oran, ville où elle a passé son enfance jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. Ce Balcon sur la mer, comme le promontoire des amours défuntes, soulève parfois subtilement, parfois moins, des thèmes qui pincent tous les cœurs. Les promesses oubliées, l'importance des lieux où l'on a grandi, l'indifférence cruelle des amoureux envers ceux qui les entourent. Et aussi, alors que le film se transforme quasiment en enquête policière : a-t-on les mêmes souvenirs lorsqu'on a le même passé ? évidemment non, et dans le rôle de cet homme fait d'un bloc, mais d'un bloc fissuré, que Garcia filme souvent en pied ou de dos, Dujardin est renversant de justesse. En face de lui, Croze, qui semble au départ presque embêtée par son personnage à la limite de la caricature (la salope sexy/mystérieuse/menteuse), a le talent d'en faire une femme complexe, fragile, drôle. Concernant M.-J. C., que les réalisateurs ont beaucoup imagin
Critique
Le balcon de Garcia
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Jean Dujardin, Marie-Josée Croze (LES PRODUCTIONS DU TRESOR, Jean-Marie LEROY)
publié le 4 décembre 2010 à 17h37
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