Le tout nouveau Bartas est un film qui revient de loin. Il suffit d'en compter les écorchures sur le corps et prêter un tout petit peu attention à cette forme particulière de silence qui en dit long sur l'intensité du chemin parcouru. Et d'emblée, ce titre : Indigène d'Eurasie. En donnant à ce film du retour (cinq années après Seven Invisible Men) une assignation géographique précise, Bartas sait pertinemment qu'il met le doigt sur une image à la fois lointaine et d'ores et déjà constituée : l'Eurasie résonne, dans notre inconscient à tous, comme le synonyme d'une zone où depuis bientôt vingt ans le droit n'est plus qu'un paravent masquant toutes sortes d'échanges, transaction de biens (la blanche), de corps (les blanches) ou d'enveloppes d'argent (à blanchir). En 2010, Bartas le Lituanien sombre nous écrit de chez les Russes.
Et alors ? Alors, chaque semaine sortent vingt films qui n’ont rien d’autre à foutre que de nous séduire. Celui-ci préfère remuer la merde. Et, comme par hasard, on prend. Parce que s’il y a bien une région du monde qui est enlisée dans son propre cliché, c’est celle-ci. Et, pour montrer un cliché en gros plan, pour aller jusqu’au bout de ce cliché et en tirer une ou deux vérités, il vaut mieux faire confiance à un bon cinéaste. Quelqu’un capable de retranscrire avec les moyens du cinéma le désordre qui depuis vingt ans fait de l’ex-bloc soviétique le territoire officiel du crime organisé.
Pur et dur. Bartas a suffisamm