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Libération
Critique

«Armadillo», le combat ordinaire

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Le conflit afghan vu de l’intérieur d’une patrouille danoise de l’Otan. Un docu cru.
(Distrib films)
publié le 15 décembre 2010 à 0h00

Il n'est pas fréquent qu'un réalisateur et son chef-opérateur doivent écrire leur testament et leurs dernières lettres à leurs proches avant de commencer à tourner. Comme le font les soldats danois qui partent en Afghanistan et qu'ils vont accompagner dans leur mission de six mois. Direction : le camp Armadillo. Dans ce fort paumé au fond du Helmand, province elle-même paumée à la lisière du pays, le mot embedded prend tout son sens. Janus Metz et Lars Skree, le directeur de la photographie, partagent le quotidien d'une section de combat, l'accompagnant dans ses missions, patrouillant avec elle dans cette contrée où le ciel semble sans limite et les sentiers de poussière sans fin, partageant les rations, les fatigues et la peur. Dans les pas des soldats Mads et Daniel, dont c'est la première campagne, les cinéastes filment tout ce qu'ils voient, enregistrent tout ce qu'ils entendent. Sans le moindre prêchi-prêcha sur les horreurs de la guerre.

Hussard. Une guerre dont, au Danemark, comme d'ailleurs en France, on ne veut rien savoir. Si on savait l'armée danoise participer à ce conflit en tant que membre de l'Otan, on ignorait qu'elle était exposée en pleine ligne dans cette province dure et sèche, pourrie par les talibans et les trafics de drogue, et qu'elle y subissait des pertes. L'ennemi est souvent invisible. Mais il est terriblement là, embusqué, truffant ces paysages d'une beauté sans la moindre mansuétude de ces saloperies artisanales appellée