A Bristol, sa ville d'origine, Banksy est connu comme le loup blanc. A son seul nom, le chauffeur de taxi stoppe sur le trottoir pour commenter ses pochoirs qui ont fait le tour d'Internet et qu'on découvre pour la première fois in situ. Sur le mur d'une clinique de santé sexuelle de Frogmore Street, un amant pend nu au rebord d'une fenêtre tentant d'échapper à l'ire d'un mari trompé. Perché sur un toit, un sniper pointe son arme vers l'hôpital pour enfants qui lui fait face, avec, en embuscade, un môme armé d'un sac en papier. Ce dernier est souillé d'éclaboussures bleues. Des street artists jaloux qui reprochent à Banksy d'avoir retourné sa veste ? «Non, rigole le chauffeur, il a déclaré un jour qu'il était pour l'équipe de foot Bristol City, les Rouges ; du coup, les partisans des Bristol Rovers, les Bleus, lui en veulent.»
Puis il s'empresse de colporter la dernière rumeur, un nouveau pochoir près du stade, avec un Christ en croix vêtu d'un maillot de foot - «Peut-être un Banksy, on n'en est pas sûr…» Lorsqu'on lui demande s'il était parmi les 300 000 visiteurs de son exposition-événement au Bristol Museum en 2009, le chauffeur hausse les épaules. «Impossible, il fallait parfois attendre six heures pour entrer, c'était la folie.» Des queues qui sont au cœur de l'exposition «Banksy Q», présentée en ce moment dans une galerie de Stokes Croft dont les murs sont recouverts de milliers de dessins réalisés par des anonymes tandis qu'ils patie