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Libération
Critique

Dujardin suspendu au «Balcon»

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Souvenir. Nicole Garcia met un agent immobilier sur la piste de son premier amour, réminiscence d’Oran.
(EuropaCorp Distribution)
publié le 15 décembre 2010 à 0h00

«Je me suis perdu» ou bien «je suis perdu» ? C'est la phrase finale du film. Mais on n'est pas sûr d'avoir bien entendu ni compris parce que cette confidence est murmurée. C'est formidable de clore un film avec une énigme, ça ouvre les portes et les fenêtres au vent de l'imaginaire au lieu de les refermer. Ce qui est encore mieux c'est que la résolution éventuelle de cette énigme finale ne réduirait pas pour autant l'étrangeté du film.

Femme de paille. Les 105 minutes qui ont précédé ce dénouement indécis sont elles-mêmes dans un état permanent d'incertitude, somnambuliques, presque comateuses. Comparables aux efforts que l'on déploie quand on veut se souvenir entièrement d'un rêve, persuadé qu'il forme un tout, qu'il a un début et une fin, et, entre les deux, une logique. Un balcon sur la mer, film rêveur, tente de se souvenir de tout, de A comme Algérie à Z comme moral à Zéro. Entre les deux, non pas tant une continuité qu'une ligne de fuite.

Ce dont nous, on se souvient après l’avoir visité : des journées très ensoleillées, des enfants qui jouent, se taquinent, esquissent des flirts. Une grande ville portuaire au bord de la Méditerranée. On croit reconnaître son architecture par analogie. Haussmann-sur-Mer. On dirait Marseille. Mais nous voilà à Oran au début des années 60, de l’autre côté, du mauvais bord pour les Français d’Algérie, les pieds noirs, les futurs rapatriés qui y vivent les derniers soubresauts sanglants de la guerr