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Libération
Critique

La campagne à la Frêche

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Dans les coulisses de la dernière régionale du «Président» de Septimanie. Un documentaire à l’image du défunt : truculent et violent.
Georges Frêche, ex-président de l'agglomération de Montpellier, le 17 septembre à Montpellier (© AFP Anne-Christine Poujoulat)
publié le 15 décembre 2010 à 0h00

«Il faut être vif», conseille le directeur de cabinet. «Vif», répète Georges Frêche, 72 ans. «Vif, court et précis», insiste le dircab. Dès les premières images du Président, celles d'une réunion dans la Citroën de fonction du patron de la région Languedoc-Roussillon, le spectateur pénètre dans la plus stricte intimité politique du suzerain de Septimanie. C'est la force du film d'Yves Jeuland : avoir posé sa caméra au plus près de Georges Frêche tout en semblant s'en être fait totalement oublier. Pour donner à voir de l'intérieur la campagne des régionales de mars de l'omnipotent président, disparu le 24 octobre d'une crise cardiaque. Le dernier combat d'une vie politique de quarante ans. Le plus intense.

Donjon. Le Président est un grand film politique. Dans la lignée de 1974, une partie de campagne de Depardon, ou de la Conquête de Clichy d'Otzenberger. Jeuland (qui a déjà à son palmarès Paris à tout prix) a pris le parti de donner à voir, sans commentaire, la cuisine et les recettes politiques du plus emblématique de nos féodaux. Tout y est. Frêche le despote, qui disserte sur l'histoire de sa famille devant des élus tétanisés. Ou qui, comme à la cour, jette à ses conseillers des bols en plastique afin qu'ils se servent en salade. Frêche le patricien, qui soigne ses clientèles et fait un tabac au bal des rapatriés d'Algérie : «On n'est pas plus coupables que d'autres», lance-t