Cabeza de Vaca a vingt ans. En 1990, ce film fit sensation en festivals et dans le milieu indie aux Etats-Unis. Time-Out, à l'époque, évoquait le Herzog de Aguirre ou le Jodorowsky chaman de la Montagne sacrée. Le film, pour autant, ne trouva pas de sortie française, paraît-il pour une question de droits bloqués. Vingt ans plus tard, on ne sait toujours rien en France de Nicolas Echevarria, son réalisateur, mi-documentariste, mi-ethnologue, auteur d'autres fictions (dont Vivir Mata, lui aussi remarqué en festival vers 2002), mais aussi réalisateurs de séries pour la télévision mexicaine.
Mystique. Vingt ans d'oubli, pour un film, c'est un long chemin, une espèce de purgatoire. Proportionnellement aussi long que le fut la trajectoire de celui dont il raconte l'aventure, la perte et la transformation : l'explorateur espagnol Alvar Núñez Cabeza de Vaca. Qui tint, entre 1529 et 1536, un journal de route (qui sert de trame à ce film) sur sa découverte des terres mexicaines. Quoique pacifique, cette découverte ne le fut pas : les massacres entre Indiens et conquistadors fabriquaient un quotidien à coups de flèches en plein cœur et de crânes pourfendus. Mais ce qui fait l'intérêt de Cabeza de Vaca, ce n'est pas son habileté à transmettre à des Indiens qui n'en ont rien à foutre deux-trois idées du (vieux) monde dessinées par Charles Quint (dont il était l'émissaire), mais bien comment, prisonnie