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Libération
Critique

Seymour Hoffman en pilote automatique

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Bluette . Sous un vernis «indé», le premier film de l’acteur derrière la caméra reste très conventionnel.
publié le 29 décembre 2010 à 0h00

Pour son premier passage derrière la caméra, Philip Seymour Hoffman s’est donné le rôle d’un rasta blanc, chauffeur de limousine new-yorkais. Un gars timide à tendance dépressive, solitaire par obligation et dont l’unique excentricité consiste à écouter en boucle du reggae grâce à un casque vissé sur les oreilles. Presque par hasard, Jack fréquente un couple d’amis qui n’a de cesse de vouloir le sauver. En l’occurrence, lui coller dans les bras une de leurs amies, une fille gentille bien qu’un brin givrée, souffrant au moins autant de solitude que le chauffeur de maître. Faire le bonheur de ces deux cabossés est surtout pour ce couple l’occasion de mettre à distance l’imminence de son propre naufrage conjugal.

Tiré d'une pièce de théâtre à succès de Bob Glaudini, Jack Goes Boating (en VO) ressemble à tous ces films à l'optimisme chevillé au corps où, dès les premières secondes, il ne fait aucun doute qu'un peu de bonheur finira bien par sourdre de tant de mélancolie.

Servi sur mesure par Philip Seymour Hoffman qui régale ici d’une palette de mimiques et autres tics inventés pour la scène, le film est, hélas, à l’image de son personnage principal : un modèle de prudence et de sécurité. Une esthétique «indé» un peu agaçante, pas un mouvement d’humeur, un calme qui confine parfois à la neurasthénie et une issue douce-amère qui ne surprendra que ceux qui se sont assoupis avant la dixième minute.

Sans que le film ne soit déshonorant, il est évident que le réalisateur a tour