Trois visages qui viennent de loin. Trois visages de jeunes femmes qui surgissent d’un arrière-monde caché derrière l’horizon du film. Trois portraits de vieille Europe comme descendus des cimaises de la peinture primitive. Elles pourraient, au débouché du Moyen Age, être filles de bourgeois de La Haye, princesses palatines ou courtisanes de Florence. Elles sont donc des revenantes. Filmées, au diapason, comme des fantômes qui hantent les lisières de nos vies plus ou moins tranquilles.
A la volée, comme une voleuse, Isild Le Besco les encadre plus qu’elle ne les cadre. Les enchâsse même, telles de religieuses païennes. Mère Marie salope, sœur Jeanne la pute, sainte Blandine de tous les outrages. Leurs prénoms profanes sont Magalie, Marie-Steph et Barbara. Le couvent où elles vivent recluses est un appartement de HLM dévasté où elles survivent de chips et de gin au goulot. C’est un film qui sent la merde. La merde des gens qui mangent mal, vivent peu et boivent trop. Ce trio de filles moches, méchantes et sales est un ménage à trois. Magalie, la dominante, la patronne ; Marie-Steph, sa petite sœur simplette ; Barbara, leur esclave consentante, la bonne. Au travail (femme de ménage) comme au cul (pute à l’occasion), Barbara c’est Santa Barbara, une employée modèle, cheville ouvrière d’une sexualité collective à la fois cérémonieuse et crue.
Soap de tripes. On atterrit sur une planète lointaine et interdite où l'atmosphère est si lourde qu'elle oblige les bêtes à