Menu
Libération
Critique

Room antique

Article réservé aux abonnés
Avec «Somewhere», Sofia Coppola replonge dans la mélancolie mutique.
(Pathe distribution)
publié le 5 janvier 2011 à 0h00
(mis à jour le 7 janvier 2011 à 12h16)

A l'unisson de nos corps déchirés par trop de fêtes récentes, Somewhere est un film gueule de bois. Un film couché à l'horizontale, le lit défait, la lumière trop blanche, la peau triste. Un film froid à vrai dire, dans sa volonté sournoise d'édifier de la fascination partout avant de la ravaler aussitôt. Et n'en garder qu'une leçon d'amertume. Déceptif par nature, Somewhere ressemble à s'y méprendre au caractère lointain de Sofia Coppola, dont on ne sait plus après quatre films, si elle est la meilleure personne pour traduire une neurasthénie postmoderne avec laquelle chacun n'a de cesse de se débattre ou si elle est un cas d'étude, figure de proue d'une génération mutique qui refuse le discours, contrôle tout (à un niveau freaks). Mais comme il faut bien se livrer- sans quoi on implose -, cette génération ne connaît, au moment de s'abandonner, que le journal intime et son exhibition sous forme d'art.

Aussi n'est-ce pas la première fois que nous assistons avec Sofia Coppola à un spectacle qui peut presque embarrasser, comme il serait embarrassant d'entrer par effraction dans la séance de psychanalyse d'un autre. Elle peut bien répondre qu'il n'en est rien, qu'elle est, façon Joan Didion, une observatrice très attentive et un peu cruelle de la petite cour qui l'entoure, il n'empêche que Somewhere continue d'apparaître comme le remake, en mode down, de Lost in Translation. Lequel rappelait déjà aux fans de Coppola père l'ép