Depuis quatre ans, JR sillonne le monde, celui des bidonvilles en particulier, où il photographie les habitants, évidemment consentants, dont il fait d'immenses affiches pour les coller chez eux. Une démarche artistique très spectaculaire et qui rivalise de générosité. Ce qui d'ailleurs lui a valu, il y a un mois, le prix de la fondation TED, attribué aux Etats-Unis aux philanthropes, rarement aux artistes (surtout si jeunes, JR a 27 ans). Ainsi Bill Clinton a-t-il été lauréat de ce prix (100 000 dollars, soit 77 500 euros), qu'il a employé à une refonte du système de santé au Rwanda. «C'est un prix où l'on fait un vœu et on vous aide à le réaliser», dit modestement JR, conscient de «l'énorme marque de confiance» qui lui est faite. Son film, Women Are Heroes, a été présenté à la Semaine de la critique du Festival de Cannes.
Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de réaliser un film ?
Je voulais montrer ce qui, pour moi, est le plus important : pourquoi les gens participent à mon travail photographique et comment ils réagissent devant leurs photos dans les rues des quatre coins du monde. Comprendre la relation des femmes à leur image en Inde, au Cambodge, au Brésil, en Afrique ne pouvait passer que par un film.
Ces visages, photographiés dans une grande complicité avec vos «acteurs», ont maintenant la parole…
Des textes ont déjà été publiés, mais on n’y trouve pas cette émotion et cette force que le cinéma permet dans un face à face. Avec le film, on comprend que ces femmes se réapproprient mon travail pour le faire voyager, et comment je ne deviens finalement plus que colleur d’affiches et passeur d’histoire