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Libération
Critique

A l’école paternelle

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Mime. Dans «Abel», premier film du Mexicain Diego Luna, un enfant détraqué éduque ses frère et sœur avant de rejoindre sa mère au lit.
(ARP Sélection)
publié le 12 janvier 2011 à 0h00

Un petit garçon de 9 ans rentre chez lui après un long séjour en hôpital psychiatrique et son retour se passe mal. A partir de ce résumé, on peut tout imaginer : film d'horreur, drame psychologique, mélo humide. Loin de cela, Abel, premier film de Diego Luna, réalisateur mexicain de 31 ans (lire ci-dessous), invente son propre genre : un conte pour adultes dont le personnage principal est un gamin.

Muré dans son silence, rivé à la télévision, capable d’accès de violence subits, le jeune Abel n’est pas un cadeau pour sa grande sœur Selena, 15 ans, et son petit frère Paul, 5 ans.

C’est Cecilia, la mère, qui a insisté pour reprendre Abel, contre l’avis bien intentionné du corps médical. Ils habitent à la périphérie d’Aguascalientes, ville située dans le centre du Mexique. Une maison délabrée dans un paysage à l’abandon, entre terrains vagues, champs d’épandage, friches industrielles et voie ferrée, non loin d’une zone où des centaines de camions viennent jour et nuit charger et décharger des conteneurs.

Absence. Ce décor fantomatique, à peu près vide de présence humaine, plombe l'atmosphère sans prétendre au réalisme. Diego Luna, pour parler de son film, évoque une fable. Placée sous le signe de l'absence : celle du père, censé être parti travailler comme clandestin aux Etats-Unis et qui n'a plus donné de nouvelles. Et celle d'Abel, coupé du monde. Il va y faire un retour fracassant.

Après quelques jours de mutisme, dans un univers familial où il ne semble