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Libération
Interview

«S’approprier l’histoire de Chine»

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Censure . Dans «I Wish I Knew», le cinéaste Jia Zhang-ke collecte la parole de Shanghaïens.
(Ad Vitam)
publié le 19 janvier 2011 à 0h00

A 40 ans, Jia Zhang-ke, cinéaste chinois de la «sixième génération», termine un cycle documentaire qui l'a éloigné pendant quatre ans des films de fiction. Après les faubourgs sans âme qui l'ont longtemps fasciné, il filme les mutations de Shanghai. Dix-huit personnages, tous réels, racontent à travers leur propre histoire celle de l'immense métropole emblématique des bouleversements de la Chine contemporaine. Révolutions politiques et culturelles, assassinats, flux de population… Du Shanghai des années 30 à la ville métamorphosée pour l'Exposition universelle, ces témoins livrent leur vision intime de l'histoire, autrement plus douloureuse que le glorieux passé officialisé par le Parti communiste chinois (PCC). Jia Zhang-ke, toujours sur le fil du rasoir de la censure chinoise, dit espérer que I Wish I Knew dépassera les querelles politiques et touchera au plus près les souffrances du peuple chinois.

Pourquoi un nouveau documentaire, plutôt qu’une fiction ?

Tout ce qui m'anime est lié au développement rapide de la Chine, et aux immenses répercussions sur l'individu. J'ai commencé par faire des films réalistes, des fictions avec des acteurs. A partir de Still Life[lion d'or de la Mostra de Venise 2006, ndlr], j'ai ressenti la nécessité de faire un travail documentaire. J'ai d'abord réalisé 24 City, l'histoire d'une cité ouvrière détruite par la promotion immobilière, puis I Wish I Knew, à Shanghai. Ces films parlent d'aujourd'hui à travers le prisme des années 60 et 70, époque de la Révol