Olivia Rochette et Gerard-Jan Claes, 23 ans tous les deux, ont fini l'an dernier leurs études en cinéma à la Royal Academy of Fine Arts (Kask) à Gand, en Belgique. Outre ce premier documentaire, Because We Are Visual, ils réalisent aussi le travail vidéo pour la compagnie de danse Rosas depuis 2009, et débuteront au printemps un nouveau documentaire sur Rosas et la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker.
L’image qui a tout déclenché ?
Un clip qu’Olivia a trouvé sur YouTube, il est d’ailleurs dans le film. C’est une fille montrant son corps devant la caméra. Elle porte un slip rose et on ne voit pas son visage. C’était intrigant, parce que c’était abstrait et anonyme mais également très intime, ce choix de révéler son corps dans un espace public. L’image elle-même a quelque chose de poétique.
Qu’est ce qui vous a guidé dans ce vortex qu’est YouTube ?
C’était un processus assez intuitif, guidé par les tensions intérieur-extérieur, espace public-privé, solitude-communauté, charnel-virtuel, voyeurisme-exhibitionnisme. Nous n’avions pas vraiment de scénario préconçu, nous souhaitions que les images parlent d’elles-mêmes. Nous avons collecté près de 1 000 gigas de vidéos durant plus de dix mois.
Qu’appréciez-vous dans ces filmeurs amateurs ?
Nous sommes fascinés par le found footage [«film trouvé», ndlr] sur YouTube, comme d'autres réalisateurs se sont intéressés à la manière dont les amateurs utilisaient les caméras 8 mm. Nous nous reconnaissons dans leur envie de partager des moments, des choses simplement belles. C'est un geste proche du documentaire, capturer le monde autour de nous, à p