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Critique

Youtube, les années collage

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Vlog. A Beaubourg, le festival Hors Piste montre quelques exemples de films patchwork assemblant des vidéos trouvées sur Internet.
Le double arc en ciel. Image extraite de «We are visual». (DR)
publié le 19 janvier 2011 à 0h00
(mis à jour le 22 janvier 2011 à 14h31)

YouTube ressemble à un grand marché aux puces d'images où les réalisateurs prennent plaisir à chiner, exhumant des profondeurs de la Toile des vidéos amateurs, certes publiques mais qui n'avaient pas vocation à s'afficher sur grand écran. Ces «films trouvés» s'inscrivent dans la tradition du found footage, longtemps domaine réservé de l'avant-garde, qui consiste à détourner et s'approprier des morceaux de films de l'industrie hollywoodienne ou des scènes familiales privées organisés en nouveau montage. Le remix de films commerciaux est devenu une pratique répandue chez les internautes, tandis que les artistes et réalisateurs «professionnels» se passionnent pour les films tournés par des amateurs et compilent des heures de journaux intimes ou d'images cahotantes, maladroitement saisies par ces caméras qui équipent tous les foyers et auxquelles rien n'échappe, du plus banal au plus trash.

Collage. En 2008, l'Américain Brody Condon rassemblait, dans Without Sun, des clips où des ados se filment sous l'emprise de la salvia, plante hallucinogène dont les effets fulgurants sont parfaitement adaptés au format YouTube. Dans R.I.P in Pieces America, film collage sur la déliquescence de la société américaine, le Canadien Dominic Gagnon sauvegarde des vidéos censurées par YouTube et donne une tribune à ces voix souterraines. Une assemblée virtuelle de «têtes parlantes» qui se filment, seules, devant leur caméra : activistes, paranos, parfois m