On peut admirer sa carrure d’athlète, son ventre plat comme une plaque de fonte ou ses yeux bleu piscine. On peut même être impressionné par la force qui émane de son allure tranquille ou de sa voix douce et grave. Mais il faut avant tout saluer chez Ed Harris la force de caractère qui lui a été nécessaire pour s’imposer dans le peloton de tête des acteurs les plus séduisants de Hollywood en dépit d’une calvitie qui le scalpe inexorablement depuis sa prime jeunesse. Demandez donc à, mettons Nicolas Cage, si c’est facile.
Aujourd'hui, la question ne se pose plus. Ed Harris a franchi la barre des 60 ans et la couronne de cheveux qui lui ceint le crâne fait partie du paysage. Par le passé, en revanche, cette singularité au pays des éternellement beaux l'a volontiers conduit vers des rôles où la boule à zéro était une contrainte basique. Soldat, flic, agent des services secrets voire cosmonaute. C'est d'ailleurs avec son personnage de John Glenn dans l'Etoffe des héros de Philip Kaufman qu'il accède, en 1983 et momentanément, au rang de star et de sex-symbol. Ed Harris, en pionnier de l'espace, se dirigeant au ralenti vers sa fusée dans sa combinaison argentée frappée de la bannière étoilée, c'est l'Amérique invincible, un poil arrogante et tout à fait fascinante. Et on ne mégotera pas sur quelques cheveux de plus ou de moins.
Pourtant, Ed Harris est d'abord un corps. Pas très grand (1,75 m), le type reste gaulé comme un athlète en activité, les muscles saillants sous un