La semaine passée, dans Paris sous la bruine, Thierry Jousse, cinéaste, ancien critique (longtemps rédacteur en chef des Cahiers du cinéma), et Philippe Katerine, chanteur, acteur et auteur lui aussi d'un film iconoclaste (Peau de cochon), nous retrouvaient dans un café. Entretien croisé entre le créateur et la créature (et vice-versa).
La phrase-titre ?
Thierry Jousse : Le titre vient d'un Mocky des années 60, la Cité de l'indicible peur, dialogué par Queneau. A un moment donné, un personnage joué par Marcel Pérès dit : «Je ne suis pas tout seul ! Je suis un no man's land !» J'aimais bien.
L’origine du film ?
T.J. : Elle remonte à plus de cinq années. Et, bizarrement, elle précède de quelques semaines à peine la première - et seule - visite que j'ai faite chez les parents de Philippe.
Philippe Katerine : Oui… Je t'avais demandé de venir chez moi en Vendée pour occuper mes parents pendant que je tournais, sans le leur dire, Un kilomètre à pied[en 2003, ndlr], le court métrage où je refaisais le trajet qui séparait ma maison de l'école.
T.J. : Au départ, il devait y avoir, je pense, une volonté de récit autobiographique, mais sur lequel je pouvais croiser des éléments d'une biographie supposée de Philippe. Ce n'était pas si difficile à imaginer dans la mesure où nous sommes, l'un comme l'autre, des ruraux. Mais, très vite, je me suis éloigné de ce matériau pour dériver vers une fable. Le film du «