Si, si, croyez-moi, Kristin Scott Thomas est d’une drôlerie vivace et acide. L’actrice très anglaise et très française sait se moquer de ses peurs et pointer ses erreurs, se décrire en moins que rien qui finit par y arriver bien. Elle sait aussi rendre le quotidien loufoque et incongru. On l’a longtemps et bêtement crue lady hautaine et coincée, britannique à corset baleiné et parapluie avalé, timide vernissée de rigidité, et autres invariants fatigants qui ruissellent entre Douvres et Calais. Il se pourrait qu’après trois décades vécues à Paris, trois enfants élevés rive gauche, 50 films tournés dans des rôles de plus en plus premiers, aucun césar attribué mais une légion d’honneur décernée, elle puisse enfin échapper à ces comparaisons Eurostar qui tiennent parfois de la comparution immédiate au tribunal de l’entente cordiale.
Alors, oui, Kristin Scott Thomas adore passer inaperçue, silhouette quotidienne et moderne, loin des lascives latines à la séduction à bonnets D et à ricil éborgneur. Mais elle sait aussi retirer ses lunettes, tourner lentement son visage vers la lumière d'hiver, histoire d'adoucir l'intensité qui lui mange les joues et manière de faire flamber des yeux d'un bleu avantageux. Alors, oui, elle a un humour autodépréciatif et l'art immémorial de l'understatement. Mais, elle peut mettre un nez rouge à ses fantaisies et s'asseoir en raconteuse d'histoires au coin du feu.
Racine extirpé. Elle joue Bérénice. La mise e