Ce n'est pas tout à fait le genre de la maison, mais on pourrait, une fois n'est pas coutume, rêver qu'un autre monde accompagne ce film. Un autre monde, et avant tout un autre Iran. Le réformiste Moussavi y aurait gagné les élections du printemps 2009, et les répressions sanglantes qui ont maintenu Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir seraient reléguées au rang de ces cauchemars dont on peut sourire avec soulagement, une fois éveillé. Songer à cela en voyant The Hunter, ce n'est pas faire acte d'utopisme béat, mais juste se mettre à la place du rêve tout à fait palpable qui a porté ce film de bout en bout, et mesurer le désarroi dans lequel il sort, aujourd'hui, deux ans après que son premier coup de manivelle a été donné.
Nouvelle génération. Ahmadinejad est toujours là, et le cinéma iranien est à l'arrêt sur image depuis la condamnation, en décembre, de Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof pour avoir commis le crime de préparer un film qui ne va pas dans le sens du pouvoir. Autant d'événements qui occupent Rafi Pitts, 43 ans, réalisateur et acteur principal de The Hunter, et également auteur d'une lettre ouverte, envoyée le 24 décembre au pouvoir iranien et posant des questions claires quant à la condition des cinéastes depuis la condamnation de ses deux amis. Si vendredi (anniversaire de la révolution iranienne), à Paris, des personnalités du cinéma se sont rassemblées, si vendredi toujours, le festival de Berlin n'a cessé de rappeler l'absence c