Il y a deux types de motivation pour voir 127 Heures : soit parce qu'on passe ses week-end au Vieux Campeur à chiner des piolets et des chaussures de marche en vue d'une ascension des monts d'Arrée avec un vieux sandwich au pâté Hénaff en guise de coupe-faim, soit parce qu'on tient James Franco pour l'acteur le plus sexy en activité et que la perspective de le voir souffrir en short pendant une heure et demie au fond d'une faille dans l'Utah, le bras écrasé par un gros caillou, obligé de boire son urine à la paille avant de se résoudre à se tailler l'avant-bras au canif, nécessite de voir le film au moins quatre fois d'affilée. Dans l'un ou l'autre cas, 127 Heures remplit le contrat.
L'histoire vraie d'Aron Ralston, 26 ans, parti seul et sans prévenir personne en vadrouille dans le Canyonlands National Park, puis tombé dans un trou, bloqué et libéré dans de spectaculaires circonstances d'automutilation, est une histoire propre à allécher n'importe quel producteur. En avoir confié la réalisation à Danny Boyle est peut-être le gage d'un certain succès public, mais l'Anglais, encore auréolé de la réputation internationale de son Slumdog Millionaire (après d'autres hits tels que Trainspotting ou 28 jours plus tard) est trop agité du bocal, trop obsédé par la crainte qu'une seconde d'ennui puisse se glisser entre les rouages rutilants des bécanes qu'il conduit à toute blinde, pour atteindre le cœur flippant de ce récit de la mort lente.