Les frères Coen, à qui tant de choses réussissent, tournent beaucoup. Donc, un peu trop. Quatre films en quatre ans, cela interdit presque de facto le sans-faute, sans dissiper pour autant le plaisir volatil du divertissement. Ancré au lendemain de la guerre de Sécession, True Grit marque l'intrusion du tandem dans le western - sauf à considérer qu'une odyssée comme No Country for Old Men préfigure une vision violemment customisée du Far West. Il existe déjà un True Grit, dont Joel et Ethan Coen font peu de cas (lire ci-dessous) : c'est, en v.f., Cent Dollars pour un shérif, avec John Wayne, tourné en 1969 par Henry Hathaway, qui n'était pourtant pas manchot (Nevada Smith, Cinq Cartes à abattre).
Patibulaire. Wayne récolta un oscar pour sa prestation bourrue. Mais la matrice est littéraire, roman célèbre de Charles Portis (en France aux éditions du Serpent à plumes, traduction John Doucette), à partir duquel a été confectionnée une trame mêlant action et quête initiatique, parsemée d'éléments dramatiques que pondère une tentation parodique (bons mots, tronches patibulaires, clins d'œil) captant à peu près autant l'attention qu'elle la maintient à distance. Le livre date de 1968 et on peut donc considérer qu'il aborde le genre du western avec tous les éléments de la modernité, c'est-à-dire un certain désenchantement et un recul quant à la mythologie américaine, qui s'embourbe au Vietnam au même mom