Capturé début mai 1755 au château de Rochefort-en-Novalaise (Savoie) où il menait grand train avec quelques aristos gauchistes, le contrebandier Louis Mandrin est quelques semaines plus tard exécuté à Valence après un procès expéditif. Sur la place des Clercs, les portes de la ville fermée, environ 6 000 personnes se pressent pour assister au supplice de celui qui s'est taillé en un an une réputation de révolté, de bandit politique, sorte de Robin des Bois français ayant défié le pouvoir des fermiers généraux qui, par leurs impôts, saignent le peuple à blanc. Cuirs, peaux, grain, fourrage, poudres et plomb, tabac, tissus, Mandrin et les siens (jusqu'à 300 hommes) ont fait des razzias sur tous les biens en dépôt des fermiers généraux pour les revendre à bas prix, duty free si l'on veut, organisant en un an une économie parallèle et exaspérant les profiteurs de l'Ancien Régime, qui font donner l'armée contre lui. Condamné à avoir «les bras, jambes, cuisses et reins rompus vifs […], mis ensuite sur une roue, la face tournée vers le ciel pour y finir ses jours», Mandrin est étranglé puis son corps exposé à la curiosité publique. Sa légende naît au pied du gibet suivi peu après d'une «complainte» anonyme vantant ses faits d'armes.
Salive. Le film que Rabah Ameur-Zaïmeche a tourné en octobre et décembre en Aveyron et dans l'Hérault s'intitule les Chants de Mandrin. Il se déroule après la mort du héros antisystème. On y suit les agissement