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Analyse

Annie à travers le miroir

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Habituée des succès au box-office, l’actrice a vu sa carrière décliner dès les années 80.
publié le 1er mars 2011 à 0h00

Annie Girardot forme un cas à peu près unique d’attachement malgré l’oubli. On a pu mesurer cela il y a quelques années, à la faveur, hélas, d’un documentaire de la pire espèce, à la fois télévisuel et intime, malsain à force de mises en scène à demi falsifiées auxquelles l’actrice, déjà largement entamée par la maladie, se prêtait par inconscience plutôt que par consentement (1).

Ce que l’on pouvait ressentir devant une telle désolation, c’était à quel point notre attachement à Annie Girardot avait persisté malgré la quasi-absence de films ou de rôles importants depuis plusieurs lustres déjà ; à quel point quelque chose d’elle gardait toute sa présence en nous malgré sa disparition, objective avant d’être effective, de la scène et des grands écrans.

Cailloux. Contrairement à d'autres plus vieilles ou du même âge (que l'on songe à Darrieux…), il n'a pas été permis à l'actrice Girardot de vieillir sous les caméras (que l'on songe à Signoret…). Il ne lui aura été permis que de décliner à une vitesse fracassante, de verser dans le ravin après n'avoir fréquenté que les cimes. Cela fut certainement payé très cher par la comédienne que d'avoir été autrefois la mieux rémunérée. En retour, cette image d'une artiste qui aura tout donné, en un temps record de succès frénétiques, garde ses arguments pour une postérité durable : Girardot incarne à la fois l'intensité et la fragilité de son métier. Et tout le monde pouvait lire sous les traits de son visage aigu, dans les