Monsieur Lumière rappelle le Baron perché d’Italo Calvino. Doux illuminé don quichottesque en sus d’être électricien resquilleur (il bidouille les compteurs pour alimenter en électricité les plus démunis) dans un village perdu des steppes kirghizes, il passe sa vie à grimper, monter, voir le monde d’en haut. Poteau, éolienne, arbre : tout est prétexte à l’ascension, au désir d’atteindre les nuées, de contempler le monde offert au spectateur. Cette fuite vers le haut que partagent les deux héros recèle deux approches antithétiques : tandis que le prince imaginé par Calvino se meut dans les cimes pour mieux railler l’ici-bas, M. Lumière joue le rôle de l’ange gardien de ce village des montagnes. Quand il redescend fouler le plancher des vaches, c’est pour rendre de menus services aux habitants ou s’épancher auprès de son ami Mansur, athlète local au corps bovin, après une soirée de libations. La venue d’un mafieux et d’investisseurs chinois chamboule la routine de la bourgade et donne au héros lunaire l’occasion de passer à l’action.
Lorsqu'il entreprend en 2001 le Voleur de lumière, Aktan Arym Kubat imagine un film sans scénario. Si celui-là apparaît rudimentaire, il révèle néanmoins les maux du Kirghizistan : république socialiste annexée à l'URSS dès 1917, le Kirghizistan a acquis son indépendance en 1991 mais a sombré dans un régime dictatorial (le président Akaïev, renversé en 2005, puis Bakiev, chassé à son tour en 2010) et demeure l'un des pays les plus corrompus au mond