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Libération
Critique

«Never Let Me Go» sous haute pension

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Trio . L’éducation anglaise revue par le «clipeur» Mark Romanek.
(Twentieth Century Fox)
publié le 2 mars 2011 à 0h00

Peut-être toute la différence entre un réalisateur de clips et un cinéaste repose-t-elle sur la croyance ou pas en un territoire. Tous les cinéastes ont un moment ou un autre le sentiment d'appartenir à une histoire précise du cinéma et de comment il se fait respectivement dans chaque pays du monde. Un «clipeur» appartient au monde flottant des images, des flux d'où émergent leur diffusion universelle et sans racines localisées, sinon sur une planète à part qui s'appellerait YouTube. L'américain Mark Romanek, comme avant lui Michel Gondry, Spike Jonze ou Anton Corbijn, s'est fait justement connaître en faisant des clips. Plutôt très beaux, plutôt torrides, (pour David Bowie, Nine Inch Nails, Madonna, Jay Z…). Il a toujours essayé de faire des films. Mais aucun jusque-là - ni Static ni Photo Obsession - n'a eu l'étrangeté de ce Never Let Me Go, son troisième.

Charme. Cette étrangeté, d'où vient-elle ? De la perfection plastique des acteurs, des paysages comme du décor ? Ce n'est pas impossible, puisque le charme latent du film repose sur cette beauté un peu malade, presque inacceptable, mais dans laquelle le film se laisse volontiers couler (même les enfants ont l'air de sortir d'une série de mode). Ou alors ce charme vénéneux proviendrait-il de la photo, léchée, du technicien imparable qu'est Romanek depuis toujours ? Elle est pourtant le point faible du film, qui semble en permanence se corseter, comme si son esthétique froide étai