En ouverture, une séquence de ski nautique à toute berzingue sous fond sonore de Lard (groupuscule hardcore dans la mouvance des Dead Kennedys) fournit par brassées les clés nécessaires pour plonger tête la première dans l'esthétique de ce film hors norme : récit sur le fil du rasoir, risquant à tout moment la chute, images visant la commotion, et des corps en déséquilibre, seulement portés par la beauté immédiate d'un écrin noir et blanc presque liquide : l'underground, chez le cinéaste-poète-musicien F.-J. Ossang, est un sport (de combat, de glisse). Dharma Guns n'est pas film qui gagne à être résumé, sa forme en zigzag met au défi la linéarité du scénario.
Cold wave. En terres ossangiennnes, terres mille fois brûlées (elles nous viennent de l'expressionnisme allemand), les choses avancent autrement : par flashs, par fulgurances, dans un état d'hébétude permanent. Son héros, au sens pour ainsi dire chevaleresque du terme, est un jeune homme impavide, à l'accent russe, une sorte d'idiot dostoïevskien matiné cold-wave, censé remettre un script improbable à des commanditaires invisibles. Ce prince Mychkine ahuri est attendu dans un aéroport, quelque part dans l'archipel des Açores, par des hommes de main d'un géant de l'industrie pharmaceutique. A l'arrivée, il ne reconnaît pas les hommes qui le tutoient, ne reconnaît pas l'endroit, ne reconnaît pas la situation dans laquelle il est immergé, ni la succession qui lui échoit : il est, depuis longtemps,