Menu
Libération
Interview

François Weyergans «Je me souviens mieux du timbre des voix que des répliques»

Article réservé aux abonnés
Séance tenante François Weyergans. Quel spectateur êtes-vous ? Un invité nous répond du tac au tac. Critique aux Cahiers du cinéma, cinéaste et romancier, élu à l’Académie française en 2009, François Weyergans, né en 1941, est l’auteur du roman Trois Jours chez ma mère (prix Goncourt en 2005).
publié le 9 mars 2011 à 0h00
La première image ?

Sur un écran dressé dans la salle de gymnastique de mon école, je vois un fleuve tropical, une pirogue, un père blanc debout dans la pirogue. Le film est censé illustrer les bienfaits des missionnaires en Afrique noire. Et voilà qu’un crocodile aux énormes mâchoires fait basculer la pirogue et dévore sous mes yeux le père blanc. Image inventée ?

Le premier film vu seul ?

Un film interdit aux mineurs, quand j'étais mineur. «On voit une femme nue», m'assura un copain dont le frère aîné, projectionniste, me fit entrer dans la salle en cachette. Au bout d'une heure, et pendant quelques secondes, une actrice apparut de profil, éclairée à contre-jour, en chemise de nuit à peine transparente.

Une scène fétiche ?

La rencontre entre Cary Grant et Eva Marie Saint au wagon-restaurant de la Mort aux trousses : l'art du champ-contrechamp.

Une réplique favorite ?

Je me souviens mieux du timbre des voix que des répliques. Je n'aime pas les dialogues qui se veulent brillants, sauf quand ça devient de la virtuosité, comme chez I.A.L. Diamond écrivant pour Billy Wilder. La Garçonnière est un film sans faute.

Le film que vous êtes le seul à connaître ?

Personne autour de moi ne semble avoir vu Deux Hommes en fuite(Figures in a Landscape) de Joseph Losey, sorti en 1970. Il y a un hélicoptère terrifiant.

Un rêve qui pourrait être le début d’un scénario ?

Une personne aimée, dont on sait qu’elle est morte, vous apparaît et vous parle.

Une scène qui vous fait toujours pleurer ?

La fin de Limelight. Chaque fois, les larmes m'empêchent de lire les sous-titres. Idem pour les Lumières de la ville, sauf qu'il n'y a pas de sous-titres.

Votre vie devient un biopic. Qui dans votre rôle ? Qui derrière la caméra ?

Eh bien, ça a fa