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Libération
Critique

L’ascète mercenaire

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GUerre . Dans «Route Irish», Ken Loach tire à boulets rouges, mais un peu tard, sur les agents de sécurité privés en Irak.
(DR)
publié le 16 mars 2011 à 0h00
(mis à jour le 16 mars 2011 à 11h04)

Annoncé comme le film de Loach sur l'Irak, Route Irish se déroule en réalité quasi-intégralement dans la grisaille de Liverpool. Seuls quelques flash-back et des images vidéo de carnages nous transportent dans le chaos aveuglant de Bagdad. Le scénariste Paul Laverty (qui travaille régulièrement avec Loach depuis Carla's Song en 1996) explique qu'il a voulu raconter l'histoire de «la guerre d'Irak dans un jardin anglais».

Bavure. Tout commence par un cercueil. A l'intérieur, il y a le corps en morceaux de Frankie, victime de «terroristes» sur la route la plus dangereuse du monde, celle qui relie l'aéroport de Bagdad à la «zone verte» sous contrôle de l'armée américaine. Fergus, ancien membre du commando SAS de l'armée, avait convaincu Frankie de rejoindre son équipe de contractuels en poste à Bagdad, un job entre le mercenaire et l'agent de sécurité bien rémunéré devenu monnaie courante dans une ville où il faut sans cesse entourer le déplacement des hommes d'affaires, journalistes et autres d'escouades militarisées. Paul Bremer, chef de l'autorité provisoire de la Coalition, avait fait voter l'ordonnance 17 garantissant à ces agents privés une immunité qui a permis de couvrir un certain nombre de bavures et de crimes sur les populations locales. Donc, face à la mort de son pote, Fergus pourrait se dire, comme on le lui répète en boucle, qu'il était juste au mauvais endroit au mauvais moment. Mais, chargé de culpabilité, Fergus ne cr