Une route. Un champ de maïs. Un soleil de plomb. Un homme en costume cravate soudain attaqué à la mitrailleuse par un avion surgi de nulle part. Mouais… Encore une scène qui n'a aucune chance de vriller les nerfs du spectateur. Alors qu'une bonne vieille maison lugubre, une cave avec une momie encastrée dans son fauteuil, des yeux dans les trous de serrure et des piafs empaillés dans chaque pièce, WC compris, le tout proche d'une route désaffectée jalonnée d'une quinzaine de cimetières (dont un, indien)… ça, c'est le carton assuré. Les réalisateurs ne s'y trompent pas : la maison-qui-fait-peur, lune ancestrale du cinéma de genre, envahit à nouveau l'imaginaire contemporain, y compris dans les zones les plus reculées du globe - cette semaine, en Uruguay, avec La Casa Muda(lire ci-dessous).
D'où vient ce tropisme immobilier obsessionnel ? On passera rapidement sur l'aspect pragmatique de coûts de production réduits à que dalle (4 300 euros pour La Casa Muda, 11 000 euros pour le méga succès home-video Paranormal Activity) qui incitent le cinéaste débutant à s'enfermer un week-end dans un deux-pièces de l'horreur avec une actrice mal payée en état de surventilation permanente. On ne peut nier, ensuite, la dimension psychanalytique qui veut que la maison corresponde à notre psychisme malade («surmoi» au grenier, «ça» au cellier, «je» est un hôte) et qui renvoie le spectateur à ses traumas de pauvre petite chose perdue dans le living-room de ses