A la lumière du cataclysme japonais, le documentaire We Don't Care About Music Anyway…, consacré à huit musiciens tokyoïtes aux pratiques sonores radicales, prend un écho particulier.
Filmés dans des décors de désolation qu’ils transfigurent par leur musique, Sakamoto Hiromichi traîne son violoncelle dans une école en ruines, improvisant à partir d’objets abandonnés ; Otomo Yoshihide bricole avec une platine et un transistor dans une décharge pour métaux et Yamakawa Fuyuki, stéthoscope sur la poitrine, fait résonner les battements de son cœur et luire des ampoules.
Dans cet élégant poème plastique de 2009, Cédric Dupire et Gaspard Kuentz montrent les tiraillements à l’œuvre dans la métropole nippone, vitrine de la surconsommation, tendant le micro à des artistes en lutte contre le carcan de la société japonaise.
«Les Japonais n'ont pas un sens du bonheur très développé», constate Sakamoto, phrase qui résonne étrangement dans le contexte actuel. Le violoncelliste est en France, à l'occasion de la tournée européenne qui prolonge le documentaire. Elle faisait escale hier à la Gaîté lyrique (transformée en soirée de soutien aux victimes du séisme) et sera ce vendredi soir à la Poudrière de Belfort.
Ni Yamakawa Fuyuki, ni Otomo Yoshihide ne seront de la partie, restés à Tokyo mais seront présents les punks de Kirihito, le DJ survolté L?K?O, et Umi no yeah!
«We Don't Care About Music Anyway…» de Cédric Dupire et Gaspard Kuentz, jusqu'au 22 mars, cinéma La Clef