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Critique

Hellman année zéro

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Après vingt ans d’absence, l’auteur américain de «Macadam à deux voies» fait son retour avec un récit mental, miroir de son parcours chaotique.
(DR)
publié le 13 avril 2011 à 0h00

Monte Hellman apprécie beaucoup, beaucoup trop peut-être, les coïncidences. Le fait, par exemple, de rencontrer sur le tournage de son nouveau film, Road to Nowhere, un panneau qui indique que «The Road to Nowhere Is in Swain County»… quand l'une des rares actrices du film s'appelle justement Dominique Swain. C'est ce genre de détails qui lui fait croire en une force supérieure qui dicte le cinéma.

En 1978, il avait aussi baptisé son western le plus maudit, le plus crépusculaire, China 9 Liberty 37. Personne ne savait vraiment ce que ce beau titre recouvrait jusqu'à ce qu'on lise, dans le livre d'entretien Sympathy for the Devil, signé Emmanuel Burdeau, que China et Liberty sont deux bleds du Texas, et qu'en faisant ses repérages pour ce western à faire, Hellman était tombé sur un panneau qui marquait leur exacte équidistance. Moralité : il faut savoir garder sa route, même si elle ne mène nulle part.

Aux yeux des pontes d’Hollywood, en l’occurrence, la route de Monte Hellman n’a pas mené très loin. Ce n’est vrai que si on mesure le talent d’un homme à la reconnaissance que lui voue une profession. Systématiquement absent des oscars, Monte Hellman ne doit pas avoir les mêmes privilèges, le même confort du côté de Mulholland Drive que ses compagnons de promo de l’école Corman avec qui il a fait ses armes au mitan des sixties : Francis Ford Coppola, Brian De Palma ou cet acteur inquiétant connu sous le nom de Jack Nicholson et à qui il offrit