Le film de la vie politique de Nicolae Ceausescu commence par sa fin. Un document d’archives fameux qui, le 25 décembre 1989, fit le tour de la planète télé et mis fin à un feuilleton en direct de Roumanie débutant quelques jours plus tôt : le procès expéditif (moins d’une heure) de Nicolae Ceausescu et de son épouse, Elena Petrescu, jugés dans une école de Targoviste (50 km de Bucarest) par un tribunal militaire autoproclamé. Déclarés coupables de génocide (après le prétendu massacre de Timisoara), les époux seront condamnés à mort et fusillés. Avant cette exécution plus que sommaire, Ceausescu, ci-devant «Conducator du peuple roumain» et «Danube de la pensée», se sera claquemuré dans un «je n’ai rien à déclarer à des fantoches», ce qui du point de vue du droit était la stricte réalité, exigeant aussi de comparaître devant ses pairs de la Grande Assemblée du peuple, de fait organisation légale comparée à la mascarade qu’il subit.
A revoir quelques minutes de ce document, ce qui frappe, c'est l'incertitude du cadre et du plan, les coups de zoom intempestifs. Qui filmait ? Andrei Ujica, auteur de l'Autobiographie de Nicolae Ceausescu, rencontré lors de son passage à Paris, pense qu'il s'agit «d'un troufion amateur, réquisitionné en hâte». Pourquoi filmait-on ? «Malgré le caractère arbitraire du procès, il fallait garder une preuve plus ou moins légale que les Ceausescu avaient été jugés en bonne et due forme et surtout qu'ils étaient morts. La célérité et