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Libération
Interview

«Le comble du luxe : regarder des films au petit déjeuner»

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Séance tenante EVA IONESCO. Déguisée en femme fatale dès 4 ans, Eva Ionesco a été le modèle favori de sa mère photographe, Irina Ionesco. Elle raconte son histoire dans un premier long métrage en tant que réalisatrice, My Little Princess, présenté à Cannes, à la Semaine de la critique.
publié le 20 avril 2011 à 0h00
La première image ?

Le Magicien d'Oz vu à la télé aux Etats-Unis à San Francisco. J'avais à peine 5 ans et j'ai longtemps cherché à savoir quel était ce film, quand enfin par miracle, je l'ai découvert au cinéma. La route m'avait impressionnée. Le Magicien d'Oz est le premier road movie fabuleux du cinéma. Et peut-être l'unique.

Le premier film vu seule ?

Pas vraiment seule, mais avec mon arrière-grand-mère : Rocky, dans le XIIe arrondissement. On l'a vu deux fois, car il pleuvait ce jour-là. Ensuite, complètement seule : un film de Satyajit Ray, au Louxor. J'avais 12 ans. Je n'ai jamais été riche, peut-être un jour, je le serai, et mon seul vrai plaisir, que j'ai toujours assimilé à un luxe, a toujours été de voir des films. Un peu comme Anna Magnani dans Bellissima[de Luchino Visconti, ndlr] qui regarde les films en bas de chez elle et qui pleure parce que c'est trop beau. Le comble du luxe : regarder des films au petit déjeuner.

Le film qui a traumatisé votre enfance ?

Un chien andalou, de Luis Buñuel, pour la scène de l'œil coupé. Et l'Œuf du serpent, d'Ingmar Bergman, à cause de la persécution des Juifs et de la caméra derrière un miroir sans tain qui enregistre les expérimentations sur les humains.

Une scène fétiche ?

Tous les moments entre Bette Davis et Olivia De Havilland, dans Chut, chut, chère Charlotte, de Robert Aldrich, où Bette Davis retombe dans sa jeunesse et parcourt un voyage névrotique aidé de sa sœur qui la manipule. Je m'en suis inspirée pour tourner une scène où Isabelle Huppert