Elle fait partie de ces comédiens et de ces comédiennes dont on réalise au moment de leur disparition à quel point on leur était attaché. Pour des raisons sans doute qui vont bien au-delà de leur jeu. Marie-France Pisier était une formidable actrice, certes, mais bien plus que cela aussi. Elle représentait une époque, une élégance, une manière de vivre, un humour, une façon bien à elle de se battre pour les droits des femmes. Une liberté surtout. Une immense liberté.
C'était d'abord une voix. Une voix de tête. Une voix des beaux quartiers. Une voix qu'on n'oublie pas. Et qui n'hésitait pas à dire les choses telles qu'elles venaient. Elle savait jouer de son corps et de sa séduction, assumant pleinement de poser pour le magazine Lui en guêpière avec fusil à la main, mais sans être dupe du rôle qu'on lui faisait ainsi jouer. Interrogée sur le sujet par le journaliste Philippe Vandel, elle évoquait en contrepoint cette couverture de Playboy où figurait son portrait. «Super beau, super sexy… Comme quoi un visage peut être plus sexy qu'un corps.»
Soif de liberté. Cette réputation d'intellectuelle, cette soif de liberté, elle les doit à sa mère, qu'elle a vu trimer pour élever ses trois enfants après un divorce difficile. Sur injonction de celle-ci, elle s'astreint à obtenir une licence en droit public et un diplôme en sciences politiques, alors même que sa carrière cinématographique démarre. Histoire de ne jamais dépendre d'un homme, quoi