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Libération
Critique

Les chantiers de la perdition

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Dans «l’Homme d’à côté», des voisins argentins s’écharpent autour d’une maison du Corbusier à La Plata.
«L'Homme d'à côté» (DR)
publié le 4 mai 2011 à 0h00

Saletés de voisins. Si les problèmes de nuisances sonores, de murs mitoyens ou de dépôts de détritus font l'audimat des émissions de ce qu'il est convenu de qualifier de trash télé, c'est qu'ils mettent en péril l'intimité et la sécurité de l'îlot domestique. Des soucis de ce type, Leonardo Kachanovsky, le héros de l'Homme d'à côté de Mariano Cohn et Gastón Duprat, ne pensait jamais en avoir. A La Plata, ce designer star quadragénaire, polyglotte, affublé de l'uniforme de sa profession - épaisses lunettes rectangulaires, col roulé, attirail technologique -, vit dans la Casa Curutchet, «le seul bâtiment construit par Le Corbusier dans toute l'Amérique latine», comme le soulignent les guides qui défilent devant sa porte.

«Beaufs». Quand il dessina la maison, en 1948, le père de l'architecture moderne imagina qu'un arbre pousserait au milieu du salon, mais - pas si prévoyant que ça - il oublia la question du voisinage. C'est donc avec surprise et effroi que Leonardo (l'acteur Rafael Spregelburg) entend le retentissement des travaux que fait son voisin Victor, «beauf, vulgaire» et intrusif. S'ensuivront négociations, mensonges et tractations cocasses pour que le chantier s'interrompe, entraînant crises de couple, disputes et drames.

En 1962, dans l'Eclipse, Antonioni filmait Monica Vitti dans des panoramas urbains modernistes. Ici, la caméra, plus légère, est à l'intérieur de la Casa Curutchet, qui est plus qu'un décor