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Portrait

Bouli Lanners, format géant

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Rencontre avec le réalisateur belge sur le plateau de ses «Géants» qui sont présentés à Cannes ; soit la vision artisanale et en cinémascope d’un homme des bois sur l’adolescence, et le cinéma.
Bouli Lanners (à gauche) sur le tournage de son film : «les Géants». (Dominique Houcmant)
publié le 7 mai 2011 à 12h56
(mis à jour le 20 mai 2011 à 10h57)

C’est un ogre. C’est aussi un Belge, issu de ce pays pas si plat et sans gouvernement (les bienheureux !), de ce Royaume de la croquette aux crevettes où beaucoup de choses se font à l’envers, du moins avec un sens de l’absurde rarissime en France (Délépine / Kervern, à la rigueur ?).

Avant la balade naturaliste et sauvage des Géants (qu'on découvrira à la Quinzaine des réalisateurs cannoise), il y eut Eldorado, le road-movie à la photographie magnifique que Lanners a réalisé en cinémascope : un type (joué par Bouli) surprenait un cambrioleur caché sous son lit ; aussi effrayés l'un que l'autre, ils discutaient puis partaient en voyage – branquignolesque, ça va sans dire – à travers la Belgique. Si Eldorado était une épopée miniature, prodigieuse de contemplation loufoque, les Géants seront peut-être l'Eldorado de Bouli, son plein accès à la lumière.


Un jour d'hiver au Luxembourg, sur le tournage des Géants, un froid vif balançait le haut des arbres. Dans le champ en bordure de forêt où l'équipe s'installait pour la journée a surgit un « Lulu » (ainsi que les Belges, un peu taquins, appellent les Luxembourgois) au volant de son 4 X 4, fusil en main, accusant les uns et les autres d'occuper illégalement les lieux, ce qui bien sûr était impossible (au grand-duché on ne rigole pas avec la loi). Quel Far West ! Impérial, Bouli a fait fuir le fada.

Il s'appelle Philippe mais on l'a beaucoup surnommé « Bouloule », d'où ce