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Critique

Cannes, stars à l’œil nu

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Les «Cahiers du cinéma» rassemblent dans un livre six décennies de festival, immortalisées par les Traverso, une famille de photographes cannois. Avec les commentaires de Serge Toubiana.
Le 19 mai 1977, Arnold Schwarzenegger fait le show pour le 38e festival de Cannes. (AFP)
publié le 7 mai 2011 à 0h00

Le 1er septembre 1939, un vieux monsieur arrive en gare de Cannes. Louis Lumière, inventeur - avec son frère Auguste - du 7e art, vient assurer la présidence d'honneur du premier Festival international de cinéma. Un photographe est là, qui fige des visages inquiets. L'actualité gâche la fête : le matin, Hitler a envahi la Pologne. L'une des rares photos de cette première édition aussitôt annulée est signée Auguste Traverso, artisan photographe à Cannes. Sept ans plus tard, son fils Henri saisit les visages radieux de Michèle Morgan, Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, pieds nus sur la Croisette.

La fête commence. Avec son Rolleiflex 6x6, Henri Traverso attrape tout ce qui passe. Il vend ses photos au Petit Niçois et à France-Soir, ou bien les met en vitrine dans sa boutique de la rue de Bône pour les vendre aux touristes. Après lui, son fils et son petit-fils, prennent la relève. En soixante-six ans, (soixante-treize, si l'on compte le premier cliché d'Auguste), les Traverso ont accumulé 170 000 négatifs du Festival.

Pour Serge Toubiana, passionné par la collection, il existe «un esprit Traverso». Un côté album de famille : «Ils ont photographié les plus grandes stars sans avoir conscience d'assister à quelque chose d'exceptionnel, ni de la valeur marchande de leurs photos. Pour eux, c'était un événement local. Ils ont photographié le Festival comme ils "faisaient" les bals princiers ou les soirées mondaines de la Riviera. Humbl