Dites Festival de Cannes, on vous répond Gilles Jacob. Depuis des lustres, c’est lui qui préside aux destinées du plus grand festival de cinéma du monde. L’incontournable de la Croisette, dont la vie est forcément un roman. Or des romans, il aime aussi en écrire. Toujours originaux, même s’ils lui sont tous inspirés par le cinématographe. Il raconte ici le comment du pourquoi de sa dernière aventure romanesque, le Fantôme du capitaine.
Qui a écrit ce livre ?
Certainement moi, mais rien n’est moins sûr. Je l’ai intitulé le Fantôme du capitaine, et le capitaine, c’est le capitaine Personne ou, si on passe du français au latin, le capitaine Nemo. Ce qui revient à se faire passer pour ce qu’on n’est pas. Je suis, ça va finir par se savoir, président du Festival de Cannes. C’est mon honneur et mon plaisir. Mais je suis aussi un autre bonhomme, nettement moins exposé, plus réservé et secret, voire timide, un être hybride.
Justement, écrit par le président Jacob, un lecteur attendait plutôt un livre de confidences, d’anecdotes ou des mémoires sur le Festival de Cannes…
Ceux qui m’attendaient ou m’espéraient dans ce registre, avec plus ou moins de bienveillance, seront en effet déçus. Mais je suis quelqu’un de très décevant, je le dis avec beaucoup de fierté. Mon idéal de vie n’est pas loin de celui du Bartleby de Joyce : celui qui préférerait ne pas.
Pourquoi avoir choisi le genre épistolaire qui, en littérature, est un genre ancien, voire antique ?
Au départ, je voulais bricoler une série de nouvelles. Mais j’ai dans mes archives, qui sont aussi les archives du Festival de Cannes, un corpus énorme de correspondances avec des réalisateurs ou des acteurs. Je me suis inspiré de ce fonds en lui donnant une tournure imaginaire, fantais