Bertrand Bonello est, avec Alain Cavalier et Maïwenn, l'un des trois Français en lice pour la Palme d'or à Cannes. Cette sélection n'est pas pour lui une première ; Tiresia, son second film, avait déjà bénéficié de cet honneur en 2003. Mais sa place en compétition avec l'Apollonide (souvenirs de la maison close), film qui suscite toutes les rumeurs depuis son tournage cet été, est la confirmation d'une personnalité hors norme dans le cinéma français. Projet risqué, sensuel, et d'époque, l'Apollonide serait, selon son cinéaste, comme un anti-film en costume : «En tenant cette chronique de la vie dans un bordel de la fin du XIXe siècle, j'ai voulu enregistrer le temps qui passait. De tout le film, jamais on ne sort du bordel, l'espace est réparti en trois : les chambres, le salon, la cuisine. C'est une boîte, fermée. Et pourtant on y entend le passage d'une époque à une autre, l'arrivée du XXe siècle, la décadence d'une période qui s'achèvera avec la guerre de 1914.» Cette chronique passe par douze actrices, dont Hafsia Herzi, qui prouve encore qu'elle sait prendre de vrais risques, Jasmine Trinca, Céline Sallete, Judith Levy ou Adèle Haenel, jeune pousse à surveiller (découverte dans la Naissance des pieuvres de Céline Sciamma, elle sera aussi à Cannes dans Après le sud, de Jean-Jacques Jauffret, à la Quinzaine).
«Beaucoup d'actrices voulaient faire ce film, les agents les poussaient parfois pour de mauvaises raisons, l