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Libération
Interview

Le numérique, une autre façon de filmer

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Sébastien Buchmann, chef opérateur, attend la caméra idéale.
publié le 11 mai 2011 à 0h00

A 41 ans, Sébastien Buchmann, seize années de cinéma derrière lui, a été le chef opérateur de Valérie Donzelli pour la Guerre est déclarée, en ouverture de la Semaine de la critique à Cannes. Il évoque la révolution numérique, ses avantages et ses inconvénients. Verbatim

«En réalité, le cinéma a connu une première mutation il y a déjà 20 ans. Mais les films tournés alors en vidéo étaient très peu distribués en salles, car le numérique n’était pas adapté au cinéma "esthétique". C’est toujours vrai aujourd’hui : l’image numérique n’a pas la qualité de l’image pellicule. Elle perd en richesse, les couleurs sont souvent ternes, les noirs pas très profonds, les nuances limitées dans les hautes lumières ; les contre-jours sont tristes, le fond est blanc, les détails disparaissent ; enfin la profondeur de champ est infinie, il n’existe plus de flou. Les cinéastes qui choisissent le numérique le savent, mais ils gagnent en liberté : tourner rapidement, ne pas attendre la lumière ni subir le protocole qu’il y a habituellement sur un film. Ils aiment aussi la légèreté de l’équipe, du matériel, qui leur permet de changer d’avis facilement.

Le grand avantage est surtout financier, qui intéresse donc d’abord les producteurs.

«L’appareil photo Canon 5D, très à la mode en ce moment, existe depuis deux ans. Révolutionnaire ? Oui et non. En fait, je ne crois pas que le fabricant comptait sur un tel engouement des professionnels quand il a ajouté l’option film à cet appareil reflex. Le