Elle débarque de l'avion, on la propulse pour sa première interview à la terrasse du Grand Hôtel, un peu suante. Elle a beaucoup plus de cheveux que sur l'écran, flamboyante, jupe électrique, on ne voit que ses yeux à la Julia Roberts. On ne lui a pas dit qu'il y avait une séance photo après, repoudrage interdit : c'est qu'on aime l'humanité toute nue à Libé. Hagar ben Asher, actrice et réalisatrice de The Slut (moins violent que prononcé en français, «la salope»), l'est d'ailleurs beaucoup, toute nue, dans son film, mais ça ne se voit pas car elle a l'air de penser en jouant les scènes d'amour ou, au moins, de jouer une femme qui pense en faisant l'amour, c'est-à-dire une femme qui fait autre chose.
Hagar ben Asher a l'air plutôt réservée, n'ose pas commander à boire pour ne pas interrompre l'entretien. Pas le profil d'une exhibitionniste, mais attentive, joyeuse. «C'est qu'il y a des nudités plus dures quand on joue dans un long métrage que de montrer seulement son corps.»
On ne la connaît pas, et elle se permet de débouler, du haut de ses 32 ans, avec l’histoire d’une jeune mère, Tamar, qui se couche là parce qu’elle aime ça, avec plusieurs hommes du même village, et n’arrive pas à rester fidèle au seul d’entre eux qu’elle aime.
On voit deux membres virils en érection au passage, mais le plus choquant est que tout ça se déroule au milieu des poules et des chevaux, alors que le jeune cinéma israélien nous avait habitué aux intellectuels et go-go