Ce n'est pas seulement parce qu'il était le seul film de cette journée d'ouverture que le nouveau Woody Allen est aussi la bonne surprise du jour. L'affaire était mal partie : les Français ont été noyés, l'été dernier, sous une communication phagocytée par la présence en caméo (et en jean) de Carla Bruni, campant une guide du musée Rodin. On garde tous en mémoire le visage excédé d'un Président saisi en mari jaloux dans les colonnes d'un magazine people. L'affiche, enfin, a eu aussi de quoi décourager le chaland : Owen Wilson, habillé pour la prochaine session des Chiffres et des Lettres, déambule sur les quais de Seine sous un ciel peint par Van Gogh. Heu, c'est con mais l'homme à l'oreille coupée n'a JAMAIS peint Paris. Sans compter la propension d'Allen à tourner en cliché une à une les capitales romantiques (New York, Barcelone, Londres, désormais Paris).
Minuit à Paris, un film vu avant d'être montré ? Non. Bien sûr, de la part d'un cinéaste qui a son rond de serviette au Ritz depuis plus de trente ans, le film est une déclaration d'amour aux arrondissements les plus huppés de la capitale. Hier, dans le Libé des cinéastes, Robert Guédiguian se demandait à quoi pense Allen quand il regarde notre beau pays : «Est-ce qu'il pense aux smicards français ? Aux chômeurs français ?» On a envie de lui répondre que rien n'a changé au fond, Paris aujourd'hui connaît le même traitement carte postale que Manhattan en 1980. On ne verra pas ici la Gou